vendredi 9 octobre 2009

Numéro 5 version "C'est dans l'air"














C’est dans l’air…
Par C.d.V. Photo Nam Truong Tan Trong.

Et si un génie malicieux nommé Julie m’offrait, le temps d’une chronique, l’opportunité de m’épancher sur les tendances de l’automne, qu’en ferais-je?
Je commencerais plus que vraisemblablement par prendre le contre-pied d’un nouveau diktat aussi déprimant que contagieux au sein des rédactions : la recessionista.
La recessionista serait, aux antipodes de sa lointaine cousine, la fashionista, une championne de la récup, du terne, des plans B et serait encouragée dans sa voie par des créateurs au moral en berne, en témoigneraient à suffisance le retour de lignes sobres et de couleurs sombres sur les catwalk.

La sécu est en déficit, les banques en faillite, l’Etat endetté et les entreprises aux abois et il faudrait, en plus remiser toutes nos habitudes et, surtout, nos petits plaisirs futiles qui nous font sentir belle ? Et bien non, là, je dis stop !!!
D’abord parce que, modeuses avisées et consommatrices responsables (enfin, la plupart du temps), nous avons toujours été les championnes de la récup et du plan B. Que celle qui n’use pas d’outlet, de vente privée et de troc entre copines me jette la première pierre…

Enfin, si le retour à une certaine sobriété est indéniable, il est également cyclique et n’atteint pas, loin s’en faut, le minimalisme de la fin des années nonante. Et puis, soyons honnêtes, ce mini-short écossais soi-disant hypissime acheté l’hiver dernier dans un moment d’égarement, franchement, vous oseriez le ressortir? (Non, Halloween, ça ne compte pas…)
Ce que j’ai vu moi, ce serait plutôt des matières luxueuses, des silhouettes architecturées et des couleurs profondes, bref, le contraire de la dépression, du luxe et de la puissance, l’ostentatoire en moins, la technique en plus… et ça, ça va nous plaire ! D’autant plus que, avec un porte-monnaie aussi contracté que la bourse, on est encore plus heureuses de pouvoir classer notre nouvelle paire d’escarpins dans la catégorie « investissement intemporel » plutôt que dans « achat compulsif aussitôt regretté ». Le même prix, la culpabilité en moins…
De manière générale, les créateurs ont répondu à la morosité financière de deux manières distinctes : plus de rock’n’roll et plus de classicisme, voire les deux, notamment dans les détails et les fréquents appels au « chic rebelle ». Ce qui place les influences entre les années 50 et les années 80.

Donc, au rang des choses qu’on verra, aimera et portera beaucoup cette saison, il y a de la structure (volumes, asymétrie, coupes au laser,…), du très féminin, surtout dans l’incontournable veste croisée et ceinturée, des gambettes interminables et très haut perchées,… Et des détails en pagaille : sequins, touches de fourrures, perles,…

Question couleur, black is the new black, certes, mais lorsque la couleur se montre, elle se fait profonde, voire vibrante, surtout dans les bleus, violets et verts. Et puis du blanc, sous toutes ses formes et ses matières et dans toutes ses nuances…

Recessionista ? Et puis quoi encore ?




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