samedi 23 janvier 2010

A lire


Elle s’appelait Sarah

Par Vanessa Cuevas.

Ce mois-ci, je vous propose la lecture d’un livre très touchant qui nous ramène à un épisode noir de la deuxième guerre mondiale ; la rafle du Vélodrome d’Hiver, à travers l’enquête et l’histoire personnelle d’une journaliste américaine, Julia Jarmond.




Celle-ci est chargée de couvrir, pour un magasine, la commémoration de l’événement. A  travers l’histoire de Sarah, une petite fille juive de 10 ans, Julia nous fait revivre le calvaire enduré par ces 4 051 enfants dont la vie bascula brutalement le 16 juillet 1942. L’histoire de Sarah vient s’entremêler et bouleverser la vie de Julia quand celle-ci se rend compte qu’elle va emménager dans l’appartement où s’est déroulé le drame de Sarah, soixante ans plus tôt.

Si les personnages du roman sont fictifs, l’arrestation en juillet 1942 de plus de 13.000 Juifs par la police parisienne sous l’ordre du gouvernement de Vichy, est une réalité historique. Dans ce roman, on suit Sarah et ses parents, arrêtés en pleine nuit à leur domicile, comme tant d’autres familles, puis emmenés de force au Vélodrome d’Hiver, « parqués » et traités comme des animaux pendant plusieurs jours, puis déplacés dans les camps de Beaune-la-Rolande, avant d'être séparés puis déportés vers les camps d'extermination allemands.



Mue par la promesse qu’elle a faite à son petit frère Michel, le sort de Sarah sera peut-être différent. La nuit de la rafle, Michel était parvenu à échapper aux policiers en se cachant dans un placard  encastré dans le mur de leur appartement. Pour le protéger, Sarah avait fermé la porte à clé en lui promettant de revenir le chercher.

Sarah trouvera-t-elle le courage de surmonter sa terreur, la séparation violente avec ses parents, les mauvais traitements et l’absence d’humanité des policiers et des adultes qu’elle rencontre, l’incompréhension face à son sort et face à l’indifférence d’un policier de son quartier qu’elle a reconnu parmi ses geôliers ?

Tatiana de Rosnay l’auteur de ce roman bouleversant a le double mérite d’explorer sans complaisance une page sombre et parfois méconnue de notre histoire, et de susciter une réflexion pertinente sur ces mécanismes qui amènent à la déshumanisation totale d’un groupe de personnes, à la peur et l’aliénation de « l’Autre », à une indifférence meurtrière. Et de nous rappeler que ces mécanismes provoquent encore de nos jours persécutions, guerres, génocides, que nos démocraties ne sont pas à l’abri et que la vigilance reste la responsabilité de chacun.

Tatiana de Rosnay, Elle s’appelait Sarah, Editions Héloïse d’Ormesson, 2007.

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